Une journée à Wat An Kau Sei


Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, maintenant que vous suivez ce blog, vous devriez avoir le réflexe de chercher un peu.

Wat An Kau Sey est une pagode de Siem Reap construite sur les fondations d’un temple de la période angkorienne, c’est à dire très vieux. Il reste d’ailleurs deux tours de ce temple, en pierre rose, et quelques vestiges.

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Arrivé là un peu par hasard, je croise une dame qui me lance un « bonjour ! » – et ça ce n’est pas courant. Cette dame porte le poids des années, peut être 75 ans, petite, recroquevillée. On cause. Elle m’explique quelle dirige une ONG ici à la pagode. C’est aussi très rare qu’un cambodgien dise qu’il dirige une ONG, elle n’ont pas une super image ici. « La Maison de la Paix » pour que la paix dure, qu’il n’y ait plus la guerre, que les enfants vivent et que les Khmers Rouges ne reviennent pas. « Beaucoup de morts, vous savez, trop, beaucoup trop… ». Regard lointain, puis retour au sourire. « Je vous montre les puppets ? ». Ouh la, je m’attends à tout. Quelques pas plus loin, une baraque en bois. J’entre. C’est sa maison, il y a sa fille et ses deux fils. La tele a fond. Elle m’explique que ce sont des enfants recueillis. Son action ? Proposer aux enfants orphelins de fabriquer des « Shadow puppets », ces marionnettes qui servent au théâtre d’ombres traditionnel. Elle les sort toutes, me les montre, je n’achète pas, les orphelinats à Siem Reap sont extrêmement nombreux et la plupart des pompes à dollars sur le dos des enfants.

Un son de gong me fait ressortir. Une procession à la pagode. « La journée de bouddha aujourd’hui, monsieur ». Je suis la procession, elle aussi, elle me donne une fleur de lotus, trois fois le tour de la pagode, il est 9h du matin, j’ai l’air totalement ridicule en t-short bleu et bermuda, ils sont tous en blanc et beau comme un dimanche. J’entends des « welcome », des « barang ! » suivis d’un éclat de rire, on se moque ? Pas du tout. On rit, c’est tout.

J’entre dans la pagode, je suis le mouvement. Les moines sont là, la cérémonie est pour une « ordination » de moine, un baraqué musclor tout jeune. La cérémonie se déroule, je dose ma fleur devant bouddha, petit signe des mains, puis on me tend de l’encens, je donne à. Bouddha, petit signe des mains, je ferme les yeux.

Ça cause, ça bouge, ça prie, à chante, je ne comprends rien mais c’est beau, prenant, envoûtant. On donne ses habits orange au nouveau moine, re-chant, prière, un homme offre des bouteilles d’eau et de la glace à tout le monde, ça dure, ça n’a pas de temps.

Puis tout le monde se lève. Je croise deux cambodgiens qui prenaient des photos, ils m’expliquent qu’ils viennent de Phnom Penh, parce que le nouveau moine est leur supérieur au travail. Ici, un moine habite et vit à la pagode, prie, médite, chante, soccupe de la communauté. Et le reste du temps, il peut travailler, comme ce moine australien que j’ai croisé, qui dirige une petite agence de voyages en ville, à 70 ans. Eux travaillent au ministère de l’économie, ils sont comptables.

Je retrouve ma petite dame qui me présente toutes ses copines, dont la cuisinière de la pagode, 77 ans, 22 ans qu’elle est là, 47 ans qu’elle est nonne.

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Cérémonie du repas. Je m’éclipse par discrétion, mes deux camarades khmers me rattrapent « you are invited, it is a privilege, please come ». Ça ne se refuse pas. Cérémonie, petite méditation collective, chants. Le nouveau moine doit manger seul son premier repas, devant tout le monde. Puis tous les moines de la pagode doivent manger ensuite. Tout le monde regarde et chante. Ambiance hallucinante.

Je tente de m’éclipser une seconde fois, mes deux camarades… Vous connaissez la suite. J’ai le privilège de partager leur table. Des plats arrivent, très simples : du riz blanc, une soupe avec du poisson et des légumes verts, du boeuf sauté aux légumes, des nouilles sautées au boeuf, des légumes sautés. Le tout avec de l’eau, on est dans une pagode pas d’alcool.

Merveilleuse ambiance, échanges, rires, il est plus de midi je crois, je ne sais pas et franchement ça n’a aucune importance.

À ma table, on me présente un professeur de français. Il enseigne en école primaire. Je lui parle, puis je lui parle encore… Il ne comprend pas beaucoup le français. Mais « ye su francofon ». Enseigner une langue sans la comprendre ? Ou statut du prof de français ? Je penche pour la seconde option.

Je vais saluer la cuisinière, je la félicite pour le repas, toutes les femmes me saluent en joignant les deux mains, ma petite dame me raccompagne et me souhaite un beau chemin. Belle expression !

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