Ce matin, rencontre de deux hôteliers : échange sur la façon de monter une affaire ici, le management, les relations patron/employé… Très enrichissant.
Hier, j’ai passé la journée à Angkor. Mon vocabulaire n’est pas assez riche pour exprimer combien ce lieu exerce une magie envoûtante ; tant de choses sont été décrites, expliquées, consignée partout que je m’aventurerais pas à mettre des mots supplementaires sur ce que je viens de vivre. Angkor ne se visite pas. Il se vit. Il se ressent. Rien de comparable dans aucun des voyages que j’ai eu la chance de faire. Absolument rien. La dimension, la finesse, la pierre, la végétation s’entremêlent pour créer une harmonie sans pareille. On oublie tout à Angkor : le temps, la température, la distance, la jungle environnante, les structures des bâtiments, tellement on se perd dans l’absence de références. Même les touristes bariolés.
Et c’est là aussi que j’ai rencontré une femme qui change la façon de regarder les femmes.
Je n’avais pas d’idée préconçue sur Angkor. C’était pour moi un monument, un autre, capable d’attirer deux millions de visiteurs par an. Il a suffit de quelques minutes pour plonger dedans. Dans « l’humain » d’Angkor. Les femmes. Apsara.
Elles vous accueillent à chaque entrée de temple, de sanctuaire, à chaque niveau de chaque structure massive et écrasante. Leur visage si doux, si chaud et si paisible vous transporte dans une autre époque indéfinissable mais familière. Il est certains que les petites femmes qui vendent de l’eau dans les baraques à la sortie sont leurs descendantes. Elles ont dans le regard cette pétillance d’Apsara. 1000 ans après.
La journée avançant, des questions sans réponses arrivaient de plus en plus nombreuses. Les touristes observateurs remarquent les linteaux et de jolies sculptures, de belles décorations fleuries et de jolies danseuses. Les guides vous diront tous que les femmes ont été gravées dans la pierre pour servir le Roi dans sa prochaine vie. On dirait qu’elles dansent en faisant un spectacle pour lui. Ne prenez pas de guide. Ressentez. Ne cherchez pas à expliquer.
Je suis rentré épuisé de cette rencontre. Je gardais en mémoire les Apsaras du Roi. Proches et distantes. Il voulait semble-t-il que ses temples soient dominés par les femmes. Si le monde est féminin alors il avait -déjà- raison. Il y a plus de représentations de femmes que de bouddha ou de Vishnu. La femme immortelle et gracieuse.
Je me doute au fond de moi que ces femmes sont beaucoup plus que des décorations. Ce sont des portraits. Dans la galerie de la Terrasse des Éléphants, aucune ne ressemble à l’autre. À Bayon, elle est partout dans une danse différente. À Ta Nei, dans ces ruines, elle danse… À chaque fois un corps et une harmonie différente. Tantôt rieuses, tantôt concentrées, parfois tristes, vivantes.
Qui étaient-elles ? D’où venaient-elles ? Quel pouvoir avaient-elles ? Pourquoi avaient-elles autant d’importance ? Pourquoi ces temples ont-ils été construits ? C’est tout Angkor qui est là : ce lieu vous pose des questions sans réponses et vous questionne au fond de vous même. Acceptez ces questions, accueillez-les.
En France nous cherchons toujours à ramener nos rencontres à des explications. Il nous faut comprendre, analyser, réfléchir et trouver une vérité objective. Visitez Notre Dame de Paris et vous expliquera comment cette merveille à été construite. Le Mont St Michel et on vous décrira précisément les problèmes de l’ensablement de la baie. À Angkor, vous n’aurez aucune explication parce qu’Angkor n’a rien à voir avec la raison. Les femmes d’Angkor vous chuchotent au creux de l’oreille des choses que vous ne pouvez pas comprendre. Elles vous emmènent malgré vous dans leur univers fertile et mystérieux de pierre grise. Vous vous laissez faire. Et tout vous revient. Vos émotions d’enfance, vos espoirs, vos rêves prennent vie dans le brouhaha des oiseaux de la jungle.
Apsara femme intemporelle et si actuelle vous bouleverse.